1er avril 2023
Le Média diffuse la conférence de Mathieu Rigouste et Claude Serfati sur « L’état militaro-sécuritaire » organisée par les éditions La Fabrique à Paris, au Cirque Electrique, le 12 mars 2023.
Le sociologue Mathieu Rigouste a montré comment la violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans l’histoire coloniale : il s’agit toujours de maintenir l’ordre chez les colonisés de l’intérieur, de contenir les territoires du socio-apartheid. L’expansion du marché international de la violence a encadré la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l’intérieur des métropoles impériales.
L’économiste et Claude Serfati, a souligné de son côté, dans son récent livre « L’État radicalisé : gouverner par la guerre », que la France joue un rôle de premier plan dans l’évolution délétère de la mondialisation comme compétition entre les États concrétisée par des conflits sur toute la planète. Notre pays a mené plus de 115 interventions militaires depuis la disparition de l’URSS pour maintenir son rang de plus en plus contesté de puissance internationale. Elle a fait de la vente d’armes et du nucléaire les derniers leviers de sa politique industrielle, au détriment de secteurs autrement utiles à la population. En s’arrogeant les questions de défense nationale, les présidents successifs ont accentué les traits autoritaires de la Ve République, un régime façonné par des coups de force militaires. L’armée française est aujourd’hui présente dans les rues, dans les Conseils de défense sanitaire, et partout sur le globe où les intérêts de Total, Bolloré et consorts la mènent. Les lois liberticides se suivent, donnant plus de pouvoir à l’Administration et à la police, hors de tout contrôle démocratique. Au nom de la lutte contre le terrorisme, on traque, on fiche et on malmène tous azimuts les musulmans, les habitants des quartiers populaires, les syndicalistes, les militants écologistes, tandis que des officiers signent des « tribunes » menaçantes.