- 6 décembre 2023
Depuis plusieurs années, les mobilisations contre l’organisation des grands événements sportifs se multiplient à travers le monde. A l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris, qui se dérouleront du 26 juillet au 8 septembre 2024, les opposants mettent notamment en cause leurs conséquences écologiques et leur coût financier. Mais un autre aspect inquiète les observateurs : le déploiement massif des technologies sécuritaires. Videosurveillance algorithmique, centres de supervision urbains, drones et matériels antidrones, robots de contrôle et d’intervention, interfaces homme-machine, armements plus ou moins automatisés, technologies de reconnaissance faciale en temps réel : les industries de la sécurité entendent bien profiter de cet événements planétaire pour expérimenter et promouvoir leurs nouveaux dispositifs. En collaboration étroite avec les pouvoirs publics, comme a pu le constater le chercheur Mathieu Rigouste lors de la dernière édition de Milipol, le "salon mondial de la sûreté intérieure des Etats".
Les grandes organisations mondiales du spectacle sportif comme le Comité international olympique (CIO) et la Fédération internationale de football association (FIFA) jouissent d’une position hybride : disposant d’un statut associatif, qui leur permet de contourner le code des marchés publics, mais agissant comme des entreprises multinationales, qui engagent des sommes colossales, elles entretiennent des liens spéciaux avec une myriade d’acteurs « partenaires » : les États, les grands médias, les sponsors privés, etc. Depuis les années 1970 et tout au long de la restructuration néolibérale, le secteur privé s’est taillé une place de choix dans l’organisation et le financement des grands événements sportifs. C’est en particulier le cas dans le domaine de la « sécurité » : les États hôtes mettent à disposition leurs forces de police, débloquent des budgets gigantesques et nouent des partenariats avec les entreprises du secteur afin d’« adapter » les infrastructures et d’ « assurer le bon déroulement » de l’événement. Une implication d’autant plus forte que l’investissement dans la sécurité est devenu, depuis le début du xxie siècle, un élément « déterminant » pour candidater.
Le Milipol, le salon mondial de « la sécurité intérieure des États », organisé à Paris tous les deux ans sous l’égide du ministère français de l’Intérieur, est un excellent observatoire des évolutions du secteur. Lors de la dernière édition, du 17 au 21 octobre 2021 au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte, les JO 2024 étaient au cœur des préoccupations…
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